Streaming vidéo : quelle plateforme choisir et à quel prix ?

Pas toujours évident de faire son choix parmi les différents services de streaming vidéo disponibles chez nous. Contenu, prix, services… Comment s’y retrouver ? On appuie sur « pause » et on fait le point.

« On constate un basculement progressif des usages vers les plateformes », constate Louis Wiart, spécialiste des industries culturelles. – Thomas Trutschel/imageBROKER.

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Par Cécile Danjou Publié le 30/06/2023 à 11:54 

Leur multiplication ne cesse de s’accentuer ces dernières années. Selon l’Observatoire européen de l’audiovisuel, 71 plateformes de streaming vidéo sur abonnement étaient accessibles en Belgique en 2022. Elles viennent principalement d’Outre-Atlantique, de pays européens voisins ou sont, plus rarement, made in Belgium. « Le chiffre peut paraître impressionnant », pose Louis Wiart, spécialiste des industries culturelles et professeur à l’ULB, « mais il est dans la moyenne européenne. Les champions en la matière sont les Français, qui ont accès à près de 200 plateformes. »

Cette offre plus fournie évolue de concert avec une demande orientée à la hausse : « De plus en plus de personnes s’abonnent. On constate un basculement progressif des usages vers les plateformes. » Pour le consommateur, il s’agit de faire son choix au milieu de contenus, de prix et de stratégies différentes. Bonne nouvelle toutefois, au milieu de cet univers qui bouge très rapidement : les plateformes proposent quasi toutes une période d’essai gratuite et leur abonnement est toujours résiliable à n’importe quel moment.

Netflix versus Amazon Prime

On ne présente plus les grands services de streaming américains débarqués chez nous ces dix dernières années. En tête, Netflix reste le plus populaire, suivi par Amazon Prime Vidéo et Disney+. Leur point commun : ils proposent de vastes catalogues de films, documentaires et séries, certains très récents, d’autres plus datés.

Mais la compétition se joue souvent au niveau des contenus propres. « On trouve des contenus phare chez chacun des acteurs, c’est un des principaux éléments qui va pousser les gens à s’abonner », constate Samy Carrere, responsable de l’unité Distributeurs au sein du Conseil supérieur de l’audiovisuel. Et à ce match, c’est plutôt Netflix qui gagne, avec des milliers de titres à disposition et, parmi eux, de nombreuses séries à succès.

Niveau films, c’est plus mitigé. « Les amateurs des tout derniers blockbusters hollywoodiens n’y trouveront pas leur bonheur, ni les amateurs de cinéma indépendants, car souvent, on retrouve de grosses productions », nuance effectivement Test-Achats, qui a analysé les catalogues. Amazon propose aussi une généreuse bibliothèque. « Mais les films sont un peu vieillots, et les séries, moins intéressantes que sur Netflix », note l’ASBL.

Côté prix, par contre, il n’y a pas photo : 2,99 euros par mois pour un abonnement à Amazon Prime, contre 8,99 euros par mois (avec un seul écran) chez Netflix. D’autre part, la firme de Jeff Bezos offre des services en plus. « Leur abonnement permet de bénéficier de la livraison gratuite, de l’accès à une plateforme de jeux, etc. », analyse Samy Carrere. « C’est une stratégie qui leur permet de réduire le taux de désabonnement. »

Des prix qui grimpent

Troisième et dernier arrivé dans le paysage chez nous : Disney+ propose, pour 8,99 euros également (mais avec quatre écrans), un accès aux grands classiques Disney, aux productions Pixar, aux documentaires National Geographic, à des séries connues, mais aussi à des productions originales.

Moins populaire, l’application Apple TV+ propose un catalogue « extrêmement pauvre », selon Test-Achats, qui ne conseille pas l’abonnement à 6,99 euros par mois.

Autre grand nom bien connu : YouTube, qui offre un service « premium » dès 11,99 euros par mois. Il permet de visionner les vidéos hébergées sans publicité, une lecture hors connexion ; il donne aussi accès à un service de diffusion de musique.

La plupart des acteurs se sont lancés avec des prix attractifs. Puis, progressivement, ils augmentent leur prix

Louis Wiart, spécialiste des industries culturelles

Globalement, on notera que tous les tarifs mentionnés ici ont tendance à grimper. « La plupart des acteurs se sont lancés avec des prix attractifs pour capter rapidement les consommateurs et atteindre une taille critique », souligne Louis Wiart. « Puis, progressivement, ils augmentent leurs prix. La tendance est très nette. Certains d’entre eux, comme Netflix, vont jusqu’à supprimer les mois d’essai gratuit, ou ils ont diminué la période de gratuité. » Le ralentissement de la croissance mondiale explique ce mouvement, tout comme la nécessité pour les plateformes d’investir dans la production onéreuse de contenus.

Des acteurs de niche

De plus en plus de plateformes fleurissent aujourd’hui sur des créneaux très spécialisés, avec des catalogues plus pointus. Parmi ces acteurs de niche, la plateforme Mubi est centrée sur le cinéma indépendant international, les films d’auteur, expérimentaux, ou encore les grands classiques. La française Tënk s’est, elle, spécialisée dans le cinéma documentaire, tout comme Spicee. Benshi propose des films d’auteur pour enfants, Shadowz ravira les amateurs de films d’horreur, et Brefcinema, ceux de courts-métrages.

« En France, on a aussi des plateformes qui se spécialisent sur un territoire particulier : Allindi est spécialisée sur le cinéma corse, on trouve encore des plateformes en breton ou en occitan », observe Louis Wiart.

Chez nous, Sooner (issue du mariage entre Uncut et Universciné) est axée cinéma indépendant, européen. Elle est disponible via son propre site et aussi via RTBF Auvio.

Quid des prix ? Ils varient en général autour de 5 à 8 euros par mois. « Certaines petites plateformes font volontairement le choix de se distinguer avec des prix attractifs. Elles se positionnent comme une offre de complément aux grandes plateformes », commente notre interlocuteur.

Gratuité chez les grandes chaînes TV

A mi-chemin entre chaîne classique et plateforme, les chaînes de télé payantes sont encore dans la bataille. Chez nous, Be tv propose des contenus ultra-récents et parfois exclusifs, comme le catalogue des séries HBO (comprenant Game of Thrones, Succession, Six Feet Under…) On y trouve de la fiction, du sport, le tout accessible sur application ou via décodeur. Mais c’est plus coûteux qu’une simple plateforme : 25 euros par mois l’abonnement à Be tv Go.

Si vous ne voulez pas débourser un centime pour visionner des films, c’est possible grâce aux plateformes des grandes chaînes publiques, de plus en plus étoffées. C’est RTBF Auvio, RTL Replay, Arte.tv, etc., qui permettent de regarder des programmes en live et en replay. « Nous avons constaté dans une étude que ces offres, bien que locales, sont bien connues des consommateurs et font partie des services les plus utilisés », souligne Samy Carrere. Pour l’instant, ces outils marquent leur différence grâce à l’importance des programmes de « flux ». « Mais attention », complète Louis Wiart, « les grosses plateformes commencent à arriver sur ce créneau. Amazon retransmet du sport en live, par exemple, on trouve un peu de téléréalité. C’est sans doute le prochain chantier sur lequel elles sont en train de se positionner. »