Le nouveau souffle des cinémas de quartier

Plusieurs initiatives ont vu ou voient le jour afin de refaire vivre le cinéma dans un environnement de proximité. La réponse à un manque d’écrans en Belgique francophone, et à une envie de recréer du lien autour du cinéma. 

Par Gaëlle Moury ( Soir)

J’aimerai habiter à côté d’un cinéma. » Un soir d’été, un apéro entre amis, et une réflexion naturelle qui tombe sous le sens : pour les Bruxellois, il est souvent devenu difficile d’aller au cinéma à deux pas de chez soi. Alors que dans les années 1960, Bruxelles comptait plus de 250 cinémas, l’offre est aujourd’hui essentiellement concentrée dans le centre-ville. Et le constat est le même en Wallonie, où le nombre d’écrans diminue lui aussi au fil des années (37 établissements seulement étaient recensés en Région wallonne en 2020).

Pourtant, les cinémas de quartiers sont un moyen pour le septième art de retrouver une vraie proximité avec les spectateurs. De créer un lien. Particulièrement depuis la pandémie qui a exacerbé ce besoin de proximité.

Ces dernières années, plusieurs initiatives ancrées dans leur environnement ont d’ailleurs été lancées et ont rencontré un réel succès. On peut citer l’exemple du Kinograph, cinéma coopératif installé dans les anciennes casernes à Ixelles, dans une occupation temporaire qui fermera ses portes cet été pour des rénovations (avant d’y revenir dans quelques années) mais qui se poursuivra dès la rentrée dans un autre lieu ixellois. Une salle qui a non seulement réussi à fidéliser un public issu du quartier, à impliquer les étudiants des écoles et universités voisines, mais qui a aussi constaté un réel intérêt du public à la réouverture après le premier confinement avec une augmentation de la fréquentation de 33 %, alors que les chiffres des multiplexes étaient en berne.

Repenser la salle différemment

On peut aussi citer le projet du Ciné 4 à Nivelles, fruit de la rénovation de l’ancien cinéma Athéna. Ou, dans le même sillage, une nouvelle initiative : celle du Collectif Movy Up, qui lance un cinéma itinérant avec « des séances concept » à Forest. Un projet né à la suite de l’appel à projet autour du renouveau du Movy, mythique cinéma de quartier forestois dont les travaux de rénovation devraient durer 4 ans. La volonté : réfléchir à une manière de permettre au cinéma de s’inscrire dans le paysage local. « Les Forestois sont vraiment au centre de la réflexion », explique Samira Zaïbat, fondatrice du collectif. « Avant de réfléchir à la viabilité du projet du Movy sur le long terme, il est important de savoir quels sont les besoins. »

L’idée est de préparer les Forestois.e.s à la réouverture d’un cinéma de quartier pour qu’ils se le réapproprient le moment venu. Et d’ainsi dynamiser l’offre culturelle de la commune, en collaboration avec les différents acteurs locaux, en proposant une séance par mois, dans une variété de genres et dans différents lieux de la commune(notamment l’Abbaye de Forest, le Brass, Rosas…). En mettant l’accent sur l’accessibilité (avec des séances à 4 euros) et sur la légitimité que chaque spectateur a à fréquenter une salle de cinéma.

Rien n’est encore décidé pour la gestion du futur Movy, mais le collectif espère dans tous les cas pouvoir proposer les conclusions qui naîtront de ce projet de cinéma itinérant. Toujours pour adapter au mieux l’offre au public.

Lancement officiel du projet Mouv’, cinéma itinérant à Forest, avec une présentation du projet pour les Forestois ce mercredi 29 juin, à 18 h 30 sur la terrasse du Wiels.

Nouvelle aide de la FWB

Pour aider les cinémas à rebondir face à la pandémie, la Fédération Wallonie-Bruxelles avait lancé une aide aux cinémas de proximité en 2020 dans le cadre du Plan de relance. 23 bénéficiaires avaient été soutenus, pour un montant total de 262.500 euros.

Une initiative qui trouve aujourd’hui un prolongement à travers un nouveau soutien aux salles de proximité, à l’initiative de la ministre de la Culture et des Médias Bénédicte Linard (Ecolo) qui a bien saisi leur potentiel. Concrètement, l’objectif est de soutenir des petites structures de diffusion cinématographiques, notamment dans des zones de densité de population relativement faible, afin d’encourager une offre cinéma large.

Cette aide, entre 7.500 euros et 15.000 euros, est pour l’instant destinée aux salles en activité depuis au moins 12 mois, ne bénéficiant pas d’une convention avec le Centre du cinéma ou d’aides aux centres culturels de la FWB. Et portant une attention particulière à la projection de films art et essai, belges et/ou européens. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au vendredi 26 août à 17 h.