“Un vrai statut d’artiste pour sortir de la précarité”

La Vivaldi s’est accordée sur le statut d’artiste. Mais ce n’est pas fini, il reste du pain sur la planche.

Paru dans le soir le 4/05/2022 par Alain Lallemand

Amis artistes, savourez le présent mais exigez déjà un futur
alain lallemand

Au printemps 2021, en pleine crise sanitaire, qui aurait cru que le processus de concertation « Working in the Arts » parviendrait à résumer en seize pages, pas davantage, les revendications sociales urgentes d’un monde aussi multiforme et complexe que la culture ? Une réforme du statut d’artiste ? On en parle depuis vingt ans, depuis plus longtemps que l’extinction des centrales nucléaires. Qui pourrait croire que le gouvernement s’accorde sur ce thème, lui qui n’était unanime que pour… fermer la culture ?
Début juillet pourtant, après l’élaboration houleuse d’un groupe de travail et dix-neuf réunions menées au pas de charge, les cabinets ministériels concernés et les fédérations culturelles rendaient public un texte – immédiatement vilipendé, qui l’eût cru ? – dont on pouvait prévoir qu’il allait se fracasser contre les murs dressés par les partenaires sociaux, l’inspection des finances, le Conseil d’Etat, les charges virulentes de l’opposition la plus conservatrice.
Pourtant, un premier texte est né, des réunions intercabinets ont progressé jusqu’à ce que la Vivaldi soit à nouveau agitée de soubresauts, qu’on évoque une sortie de route, une crucifixion de ce gouvernement pour Pâques, qu’Ecolo et MR en viennent aux mots dans les colonnes de ce journal et actent un blocage. Fini le rêve de nouveau statut d’artiste ? Même pas : alors que la semaine passée encore, les noms d’oiseaux sifflaient au Parlement, tous les partis de la Vivaldi se sont mis d’accord sur une réforme qu’ils devraient entériner ce vendredi. Alléluia ! Le gouvernement De Croo vient de démontrer qu’il est solidement campé sur ses fondamentaux, et la réforme du statut d’artiste était l’un de ces chantiers cardinaux.
Alors, tout est bien ? Non, bien sûr. Ce qui est obtenu est inespéré et respecte en tous points (ou presque) la note « Wita » de juillet 2021. Mais, comme l’a rappelé le Conseil supérieur de la culture, l’enjeu doit être de secourir tous les régimes d’emploi dans lesquels les artistes créent, interprètent, prestent. Il reste du pain sur la planche pour aider les artistes indépendants. Ou pour assurer la pension convenable des artistes. Il y a surtout cette grande crainte que les avancées du fédéral soient ruinées par des reculs des entités fédérées – singulièrement les communautés – à mesure que se prolongent les crises économiques. Ou que le fédéral mégote sur la nécessaire contribution des plateformes numériques, en discussion en ce moment même au Parlement. Jusqu’où tiendra le miracle ?

La Vivaldi s’accorde   sur le statut d’artiste

C’était encore la crise il y a quinze jours avec les libéraux. Pourtant   un compromis a été trouvé. Le statut sera une réalité le 1 er septembre.

On n’y croyait plus trop, surtout après la crise avec les libéraux il y a quinze jours. Ce mardi pourtant, la Vivaldi – et singulièrement ses ministres des Affaires sociales Frank Vandenbroucke (Vooruit), du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) et des Indépendants David Clarinval (MR) – a conclu un accord intercabinets sur la réforme du statut d’artiste.
Le texte devrait passer en première lecture ce vendredi en conseil des ministres. « La réforme de la protection sociale, les allocations revues et majorées, c’est pour septembre », nous confirme Pierre-Yves Dermagne, « puis il y aura une montée en puissance progressive des autres éléments de la réforme : l’installation de la nouvelle commission du travail des arts va prendre un peu plus de temps à s’installer. Mais la volonté est d’avoir un système totalement opérationnel au premier trimestre 2023, au plus tard le 31 mars. »
Cette réforme du statut d’artiste comprend deux grands piliers. Primo, la mise en place d’une commission du travail des arts où les artistes auront une voix prédominante. Secundo, la mise en place d’une protection sociale en matière de chômage qui sera plus généreuse pour les jeunes, pour les femmes et pour les travailleurs les plus précarisés.

l’interview vidéo de la RTBF

https://www.rtbf.be/auvio/detail_l-invite-de-matin-premiere-pierre-yves-dermagne-ministre-du-travail?id=2892671&jwsource=cl