CITEPHILO 2021 – L’Art du cinéma.

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L’art du cinéma dans l’édition de Citéphilo 2021

L’art du cinéma est présent dans cette édition 2021* sous deux formes canoniques du mode de construction de Citéphilo : 1 – La confrontation de l’invité d’honneur, quand l’exercice s’y prête (comme avec Christian Jambet en 2018 et Philippe Descola en 2019), à un film qui relève de son champ de pensée , 2 - Le week-end de cinéma, qui existe à Citéphilo depuis presque 20 ans (novembre 2002, exactement). S'’y ajoutera une intervention de Jean-Louis Comolli, réalisateur, penseur du cinéma et écrivain, à partir de son récent ouvrage sur la situation du cinéma documentaire aujourd’hui, et qui dira aussi ce qui est arrivé au cinéma dans la pandémie de coronavirus.

1.      Penser le cinéma : Jacques Rancière, invité d’honneur, dialogue avec le cinéaste portugais Pedro Costa

Dans sa philosophie qui croise pensée de la politique et pensée de l’esthétique, Jacques Rancière est un penseur majeur des arts, et notamment de la littérature et du cinéma.

Dans son travail de pensée du cinéma, Jacques Rancière s’est très tôt intéressé à l’art cinématographique du cinéaste portugais Pedro Costa sur l’œuvre duquel il a écrit de nombreux articles.

La trilogie (annoncée en 1997 par Ossos) que Pedro Costa a consacrée aux habitants du quartier informel de Fontainhas, dans la banlieue de Lisbonne (avec les films Dans la Chambre de Vanda, 2000 – En avant, jeunesse, 2006 – Cavalo Dinheiro, 2014) a très vite intéressé Jacques Rancière, qui voit dans le cinéma de Pedro Costa « un art matérialiste, un art du temps, des gestes et des paroles, un art ancré dans une conscience politique qui ne se résoud pas à l’ordre du monde », selon les mots de Jacques Rancière en 2003.

Cette trilogie s’est prolongée en 2019 avec Vitalina Varela, dernière réalisation du cinéaste, encore inédite en France (le film sortira en salles le 12 janvier 2022), que Pedro Costa considère comme un « film jumeau, vraiment » de Cavalo Dinheiro.

Il était donc opportun d’organiser une conversation entre Jacques Rancière et Pedro Costa à l’issue d’une projection de Vitalina Varela.

Dimanche 14 novembre

14h30 – Projection du film Vitalina Varela

Ce film a reçu en 2019 au Festival de Locarno la double consécration d’un Lion d’Or à décerné à Pedro Costa pour la réalisation et Lion d’Or décerné à Vitalina Varela, actrice non professionnelle, pour la meilleure actrice.

16h30 – Conversation entre Jacques Rancière et Pedro Costa

Auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille

2.     Un week-end de cinéma sur la question des pédagogies alternatives, leur histoire et leur présent en Europe

Citéphilo a décidé de maintenir en 2021 le week-end de cinéma qui n’a pu se tenir en 2020, en raison du confinement, ce qui avait alors privé notre thème « Transmettre, (Eduquer, Instituer) » d’un temps de débat public sur l’école, débat dont l’urgence est aujourd’hui ravivée par ce qui est arrivé à l’école dans cette crise du coronavirus. Ce week-end de cinéma poursuit l’intérêt manifesté depuis toujours par Citéphilo pour des parcours d’éducateurs libres (cf. nos initiatives antérieures sur Fernand Deligny) et propose de revenir sur l’histoire et le présent des luttes et des propositions pour « une autre école ».  On a pour cela réuni trois films : - Révolution Ecole, 1918-1939, film de Joanna Grudzinska, documente avec une grande rigueur et une qualité d’archives rare comment ce désir d’une autre école a traversé l’Europe de l’entre-deux-guerres mondiales.  -Romani Street View, le film qu’Olivier Pagani a réalisé il y a six ans, avec ses élèves de classe primaire, dans la métropole lilloise, témoigne de l’actualité la plus récente de ces inventions pédagogiques. - Journal d’un maître d’école, film majeur d’un maître italien du cinéma documentaire italien, Vittorio de Seta (1923-2011, réalisateur d’Il mondo perduto, 1953-59, Banditi a Orgosolo, 1961, La Sicilia revisitata, 1980 et In Calabria, 1993) apporte la touche « années ‘70 » à cette sélection. De Seta a mis son immense talent de documentariste au service de la réalisation d’une « fiction pédagogique » inspirée par sa lecture du livre Un ano a Pietralata où Albino Bernardini, un instituteur disciple de Célestin Freinet, racontait, en 1968, une année de son expérience dans une école de la banlieue de Rome : " Le choix fondamental, ça a été de ne pas faire de film ; en réalité, nous avons fait une école et nous l’avons filmée » : tel est l’état d’esprit de Vittorio de Seta quand il tourne en 1971 Diario di un maestro avec les enfants du quartier dans leurs propres rôles, mais des acteurs dans le rôle du maître, ou du directeur. On doit à Sandra Alvarez de Toledo, éditrice (éditions L’Arachnéen, sur une idée et avec un livre de Federico Rossin), l’édition en DVD qui sort d’un oubli français une ouvre qui eut un immense succès en 1975 à la télévision italienne. Un débat final, après la projection des films, réunira le dimanche en fin de journée, les réalisateurs de deux des films (Olivier Pagani, Joanna Grudzinska), et pour le 3ème, l’éditrice de Journal d’un maitre d’école (Sandra Alvarez de Toledo). Ils converseront entre eux et avec Jean-François Rey, responsable du thème « Transmettre (Eduquer, instituer)» de l’édition 2020 de Citéphilo.

Auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille, en partenariat avec le Festival des Solidarités internationales, dont le thème annuel est l’éducation, et le Mois du film documentaire.

Samedi 20 novembre. 17h15 > 18h30 : Projection du film Romani Street View, d’Olivier Pagani (France, 75’, couleur, 2015)

18h45 > 20h15 : Projection du film Révolution école, 1918-1939, film de Joanna Grudzinska (France, 2016, 1h25’, couleur et N&B)

Dimanche 21 novembre. 10h00 : Introduction à la projection du film Journal d'un maître d'école (Diario di un maestro), Vittorio De Seta (Italie, 1973, 4h30’, couleur, vostf)

10h15 > 12h30 : Projection des épisodes 1 (70’) et 2 (65

14h30 > 17h00 : Projection des épisodes 3 (65’) et 4 (68’)

17h15. Débat final sur l’ensemble des projections

3. Analyser la situation actuelle du cinéma documentaire, avec Jean-Louis Comolli

Dans Une certaine tendance du cinéma documentaire (2020), Jean-Louis Comolli, réalisateur, écrivain, auteur notamment (avec Vincent Sorrel, 2015), de Cinéma, mode d'emploi (de l'argentique au numérique), fait le point sur l’état actuel du cinéma documentaire, qui « se voulait le fruit d’un artisanat furieux, à l’écart du marché », dès lors que « de cette liberté des formes, les télévisions, principaux financeurs, ne veulent plus » et « qu’une certaine tendance au conformisme s’impose ». Et pourtant, Comolli a abandonné la fiction pour le documentaire parce que, « en documentaire, la parole filmée prend force et beauté, et les corps filmés, quels qu’ils soient, acquièrent une dignité – celle dont les serviteurs du marché se moquent ».

Cet ouvrage a été écrit pendant l’été qui a suivi le premier confinement de la pandémie, et J-L. Comolli nous dira aussi comment, aubaine pour le capitalisme numérique, elle a mis le cinéma, destiné à la salle et au collectif, à l’arrêt.

Lundi 22 novembre. 18h00 > 20h00 : Antre 2 - 1 bis rue Georges Lefèvre - Lille - métro Grand Palais. En partenariat avec l’Université de Lille

Vous trouverez en pièce jointe le programme complet de la manifestation.

Jacques Lemière, responsable pour l’art du cinéma à Citéphilo.

* Outre sa logique présence dans le thème de 2021 Fictions(s), sous la forme d’une rencontre avec Mathieu Amalric autour du film d’Agnès Varda, Documenteur. Voir le texte de présentation de Fiction(s) dans le programme complet.

Le site de l’événement

http://www.citephilo.org/

La chaîne Youtube

https://www.youtube.com/channel/UCw0nwrUt7zPnWbMgyXVhlCw?app=desktop